Histoire XXI

Un article de Caverne des 1001 nuits.

Je crois bien que je tombais.
Je me voyais planer dans l'air, comme en rêve.
J'ai vu une grande cité. Oubliée et en ruines. Le soleil qui semblait se coucher la baignait de lueurs rougeâtres. Tout semblait si fixe, si pesant, même l'air, qu'on eut dit que nulle âme n'avait respiré depuis des siècles, nul insecte n'avait volé. Des montagnes basses fracturées supportaient les ruines. Ma vision de la ville était celle d'un monde de détails, murs écroulés dont les pierres arides se vautraient à terre dans une végétation libéré du joug humain, ainsi que d'un monde global comme observé depuis les airs lors d'un survol.
J'ai marché dans cette ville vide. J'ai vu les vestiges d'un autre peuple. Des gens y avaient mangé, dormi, joué, aimé. Ce mot : les autres. Et pourtant, j'en étais un. J'aurais pu naître ici, dans ce monde disparu, escalader les murs à présent décrépis. D'ailleurs, peut-être était-ce ma ville, celle où j'étais né et avais grandi.
Mais oui !
C'était bien cette ville. Je reconnaissais maintenant une des rues. Un panneau à mes pieds tentait de faire apparaître un nom de rue. Je reconnus ma ville. En ruines. Je traversai les murs et les portes closes et entrai dans les endroits interdits du passé. Je cherchais. J'avais conscience d'avoir oublié ici quelque chose de terriblement important.
Je courus dans les rues en cherchant celle où était ma demeure. Je me trompai et trébuchai dans les chemins vagues de ma mémoire. Il fallait aller vite. Je coupai les rues en sautant les murs écroulés comme des haies figées. J'arrivai et comptai les numéros de mémoire : quinze, dix-sept, ..., vingt-sept ! J'y étais, entrai, me dirigeai vers ma chambre. Une manette de plastique gisait à mes pieds.
J'ouvris le yeux et tirai la manette.
Le parachute s'ouvrit et je découvris que je l'avais ouvert juste à temps. Le sol vint durement à ma rencontre alors que je m'affalai, hagard, dans les ruines de ma ville. J'avais échoué, une fois de plus.
Pourtant, c'était en tombant en parachute que j'étais arrivé là la première fois. Depuis, j'avais gravi les montagnes et relancé la machine un si grand nombre de fois.
Vous me croyez, n'est-ce pas?


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