De l'utilisation des syllogismes par les intellectuels

Un article de Caverne des 1001 nuits.

Version du 26 avril 2009 à 08:41 par 1001nuits (Discuter | Contributions)
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Sommaire

Introduction

Quand certains sujets polémiques sont abordés dans les médias, même lorsqu’il s’agit des grands médias culturels français dans lesquels on peut s’étonner de voir soutenu de facto des raisonnements spécieux, la logique est souvent bafouée. Ce constat doit être pris dans toute sa gravité étant donné que les personnes bafouant ouvertement les règles de la logique sont très souvent de grands intellectuels réputés, bardés de diplômes littéraires prestigieux, et tirant leur suffisance de l’occupation de chaires académiques réputées ou d’une position médiatique reconnue [1].

Immuable syllogisme

Leur discours obéit très fréquemment à des lois immuables qui sont du ressort de l’utilisation des syllogismes. Le syllogisme est un raisonnement logique très utilisé par Aristote et fondé sur trois phases :

  • une prémisse majeure (par exemple tous « les hommes sont mortels »),
  • une prémisse mineure introduite par une conjonction de coordination comme « or » (par exemple « or » « tous les Grecs sont des hommes »),
  • une conclusion logique introduite par une conjonction de coordination comme « donc » (par exemple « donc » « tous les Grecs sont mortels »).

Le syllogisme peut conduire à un certain nombre de conclusions fausses dans la mesure où les prémisses peuvent être très ambigües[2].

L’utilisation du syllogisme introduit toujours une notion de vérité et de principe indiscutable au sein de la prémisse mineure. Ce tour de passe passe est très intéressant du point de vue de la logique car c’est par la prémisse mineure qu’arrive l’essentiel du danger logique.

Syllogisme et opinion

Le syllogisme, remis au goût du jour du XXIème siècle, ressemble, par conséquent, à la démonstration suivante :

  • la prémisse majeure est un constat, qui souvent fait la quasi unanimité au sein du cercle des gens du débat ;
  • la prémisse mineure est le lieu où la personne qui veut convaincre va user d’un principe dont la formulation est générale et floue, et qui constitue souvent le véritable centre inavoué du problème ; dans son utilisation actuelle, la prémisse mineure est le lieu d’exposition du postulat ;
  • la conclusion qui, bien entendu, va dans le sens que la personne cherche à faire partager au plus grand nombre.

Or, malgré les apparence de la logique et le fait que les postulats se cachent au sein de la prémisse mineure, la logique apparente ne sert qu'à transmettre une opinion contestable. Ainsi, le vrai sens du débat est oublié.

Faire semblant de raisonner

D’une certaine façon, cela pourrait être une définition de la pensée unique : la faculté de paraître raisonner alors que le problème est masqué par un principe non discutable au sein d’un raisonnement général. Aujourd’hui comme hier, le débat s’appuie trop souvent sur des syllogismes invalides.

Il est probable que le monde des sciences humaines ne cherche pas à manipuler de manière volontaire les esprits par l’utilisation de syllogismes invalides. Mais la gravité de ces erreurs logiques peut avoir d’autres conséquences extrêmement néfastes dans l’enseignement des raisonnements logiques qui sont notre seule arme personnelle contre la manipulation.

Notes

  1. On pourrait d’ailleurs s’interroger sur la formation que ces grands intellectuels ont reçue à la pensée logique et par conséquent, lorsqu’ils enseignent - chose beaucoup plus grave - sur la formation qu’ils transmettent à leur étudiants.
  2. Cf. syllogisme.