Critique de la philosophie

Un article de Caverne des 1001 nuits.

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=== Introduction de la vision conceptuelle du texte === === Introduction de la vision conceptuelle du texte ===
-Pour entrer dans le détail sur ces incompréhensions, nous devons descendre dans le texte lui-même et dans les concepts qu'il expose. Nous partirons de l'hypothèse (très réductrice) d'un philosophe 1 pour expose des concepts dont le sens est relativement partagé au sein de son époque. La figure 6 montre donc une propriété du concept au philosophe 1 mais aussi à son époque.+Pour entrer dans le détail sur ces incompréhensions, nous devons descendre dans le texte lui-même et dans les concepts qu'il expose. Exhibons un concept, trouvé dans le texte 1, concept que nous nommerons "concept P1", car il est issu d'un texte du philosophe 1 (P1).
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 +La figure 6 montre que l'on a dissociation du "concept P" et du "concept P1" étant donné que les mots d'un texte ou même de l'histoire du texte et de l'histoire de son auteur ne suffisent pas pour assimiler le "concept P1" et la ''représentation du "concept P1"'', nommé sur la figure "concept P". En effet, la lecture n'est pas un phénomène absolu mais un acte de représentation.
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 +Le philosophe, tentant d'appréhender le "concept P1", le représentera donc en "concept P", au vu des quatre dimensions qui lui sont liées sur la figure 6. Formellement, dans de nombreux cas, le philosophe propose une {{G|version personnelle}} du concept de celui qu'il a lu, le détournant de son sens initial sans le réaliser complètement en raison des huit caractéristiques associées au concept :
 +* ses trois caractéristiques personnelles en liaison avec son époque,
 +* les trois caractéristiques personnelles du philosophe 1 en liaison avec son époque.
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 +Le monde de la philosophie s'est rendu compte de cet état de faits un certain nombre de fois dans son histoire (même si nombre de philosophes d'aujourd'hui semblent l'avoir oublié). C'est pourquoi, quelques philosophes, afin de bien comprendre leurs lectures, ont tenté de {{G|contextualiser}} les concepts du passé au travers de l'étude de l'histoire sociale et de l'histoire personnelle d'un auteur. Certaines dérives bibliographiques modernes ont créé des courants dans la philosophie qui prétendent que l'on ne peut parler des textes d'un auteur sans avoir lu tous les textes.
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 +== Les grands mythes de la philosophie ==
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 +=== Le philosophe n'est pas un homme comme les autres ===
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 +Empruntant la figure archétypale du sage, figure religieuse à la base, la philosophie a construit, au cours du temps, une image archétypale du philosophe qui ressemble à celle du saint : austère, sérieux, toujours de bonne foi, concerné par les problèmes du monde.
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 +Il convient de noter que cette image quasi {{G|sur-humaine}} du philosophe est tout à fait ''fausse'' et force est de constater, dans les débats philosophiques de tout temps, le niveau parfois pitoyable des attaques des philosophes entre eux.
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 +=== Le mythe de la bonne foi ===
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 +Un des grands mythes de la philosophie est de penser que le philosophe exprime sa bonne foi lors de son travail. Or, le philosophe est un homme et, comme tout homme, il ment, il détourne, il est de mauvaise foi, il est souvent méchant avec ses semblables, parfois amer. Nombre de philosophes usent de pirouettes tout à fait triviales pour se sortir de mauvais pas dialectiques. On passe alors de l'analyse logique au lieu commun, de la démonstration à [[La pensée tautologique|la pensée tautologique]], on use de [[Le concept creux|concepts creux]], on est soudain submergé par ses affects, etc.
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 +Voir le monde au travers des livres
Est-il possible de raisonner en dehors de son époque ? Est-il possible de raisonner en dehors de son époque ?
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Version du 15 août 2007 à 16:30

Nous allons, dans cet article, nous attaquer à un tabou de notre société occidentale : la philosophie. Nous allons décrire et tenter de montrer comment la philosophie, dans son approche formelle et livresque, ne peut qu'être limitée dans ses fruits, bien que pratiquée par des gens dont l'intelligence n'est pas à remettre en cause.

Cet article porte sur un certain nombre de points formels de l'approche philosophique que le lecteur pourra, à loisir, tenter d'appliquer à d'autres domaines de la connaissance, notamment au sens où ce mot est généralement accepté dans le monde occidental.

Sommaire

Approche formelle de la pratique philosophique

Approche structurelle

Structure de la pratique philosophique

La pratique de la philosophie se présente formellement toujours de la même façon. On y trouve :

  • un acteur : le philosophe,
  • un corpus philosophiques, dont la matérialisation est un ensemble de textes et qui porte souvent le nom de bibliographie.

Nous nommerons corpus de la philosophie l'ensemble des textes dits philosophiques. Ces textes peuvent être aussi des textes littéraires[1]

Les différents « genres » de philosophie

Quand on parle de « genres » de philosophies, on signifie :

  • un philosophe rattaché ou non à une « école de pensée »,
  • un corpus philosophique qui est un sous-ensemble du corpus de la philosophie.

Ainsi, les différents genres de philosophie ont tous la même structure, sauf que le philosophe peut ou non se rattacher à une école de pensée, et qu'il peut décider de « choisir » des textes au sein du corpus de la philosophie.

Approche dynamique de la philosophie

Le commencement du travail philosophique

Nous noterons donc que chaque philosophe, dès lors qu'il s'exprime se positionne face à double choix (pas toujours conscient d'ailleurs) :

  • le choix de l'école de pensée,
  • le choix du corpus philosophique qui est un sous-ensemble du corpus de la philosophie.

Derrière ces deux choix, nous retrouvons la personnalité du philosophe, en tant qu'il est un être humain.

Or, un être humain possède au moins les « composantes » suivantes :

  • une nature psychologique particulière[2],
  • une histoire personnelle particulière,
  • un positionnement social particulier.

Tous les êtres humains n'étant pas identiques, le philosophe, comme les autres êtres humains va être amené naturellement, par son travail, à commencer par s'intéresser à la résolution de ses propre problèmes.

La raison en est simple : si sa nature, son expérience personnelle et sa position sociale ne le portent pas à voir un problème là où d'autres peuvent en avoir, il n'en prend pas la mesure comme un problème et donc placera ailleurs ses priorités de travail.

Positionnement formel de l'interrogation philosophique

Nous voyons donc que le positionnement formel de l'« entrée en philosophie » commence par une approche duale : problème solution. Le philosophe débutant voit « des problèmes » auxquels il va y chercher, au moyen de son intellect, « des solutions ».

Des choix implicites pilotés par les spécificités du philosophe

La nature du philosophe, son expérience personnelle et sa position sociale le mèneront donc naturellement à se tourner vers :

  • une école de pensée, composée des philosophes qui ont connu « les mêmes types de problèmes » que lui-même,
  • un corpus philosophique composé des textes de ces philosophes.

Cette « attraction » est tout à fait naturelle, car comme en littérature ou en cinéma, ce qui « parle » à une personne ne parle pas forcément à une autre.

Le philosophe, dans cette démarche, va être amené à réfléchir sur les solutions proposées par d'autres philosophes aux types de problèmes qui sont importants pour lui. Comme les autres philosophes vivaient dans une autre époque et avaient, eux aussi une nature, une expérience et une position sociale différente de la sienne, il en viendra naturellement à commenter les philosophes de son école et à critiquer les solutions qu'ils proposent.

Extension du périmètre philosophique du philosophe

Quelques grands éléments peuvent provoquer, chez le philosophe, une extension du périmètre de sa pensée philosophique :

  • une formation philosophique qui va le sensibiliser à un corpus plus large que celui qui lui convient a priori,
  • le fait que le philosophe ne trouve pas, dans son corpus original ou son école de pensée originale, les solutions à ses problèmes et donc qu'il étende son corpus pour y chercher de nouvelles solutions,
  • le fait que l'expérience du philosophe change au cours de sa vie, qu'il ait résolu un certain nombre de ses problèmes ou qu'il en relativise l'importance et qu'il ait découvert de « nouveaux problèmes » auxquels « s'attaquer ».

Analyse de la pratique philosophique

Introduction

Nous allons, dans cette partie, analyser dans le détail chaque étape de l'approche structurelle et dynamique exposée ci-dessus et exhiber un certain nombre de points qui, pris dans leur ensemble, remettent en cause de manière fondamentale le crédit d'un bon nombre d'oeuvres philosophiques.

Formalisation de l'approche structurelle

Considérons la figure 1.


Figure 1 : le philosophe face au corpus de la philosophie
Figure 1 : le philosophe face au corpus de la philosophie


Le philosophe fait face à l'ensemble du corpus de la philosophie. Ce corpus se divise en sous-ensembles dits corpus philosophiques, comme montré par la figure 2.


Figure 2 : le philosophe se tourne vers le corpus philosophique 1
Figure 2 : le philosophe se tourne vers le corpus philosophique 1


Introduisons maintenant les textes dans le corpus philosophique 1 ainsi que leurs auteurs. Nous obtenons la figure 3.


Figure 3 : le philosophe dans sa relation au corpus 1, aux textes et aux écoles
Figure 3 : le philosophe dans sa relation au corpus 1, aux textes et aux écoles


Nous votons dans la figure 3 que le philosophe s'est tourné vers un corpus de quatre textes écrits par trois auteurs, affiliés à deux écoles de pensée. La vision que le philosophe peut avoir de lui-même dans cette démarche est de se sentir plus proche de l'école 1 que de l'école 2 mais avoir, au sein des textes qu'il considère comme des textes de référence des textes des deux écoles.

Introduction de la dimension personnelle des philosophes et du temps

Nous allons maintenant nous concentrer sur l'introduction des caractéristiques personnelles des philosophes en nous limitant au texte 1 à l'auteur 1 et à l'école 1. Nous introduirons aussi la dimension temporelle dans ce schéma afin d'obtenir la figure 4.


Figure 4 : introduction des caractéristiques personnelles de chaque philosophe dans une relation au temps
Figure 4 : introduction des caractéristiques personnelles de chaque philosophe dans une relation au temps


La figure 4 montre, dans sa partie haute, le lien entre le philosophe et le philosophe 1, lien se faisant au travers du texte. Dans sa partie basse, la figure 4 indique que des paramètres personnels entrent en jeu dans cette relation, les paramètres de psychologie, expérience personnelle et position sociale des deux philosophes, ces paramètres étant à envisager dans une dimension temporelle (l'initiale P est une abréviation de philosophe et P1 une une abréviation de philosophe 1).

L'introduction à ce niveau de la dimension temporelle est très importante. En effet, la psychologie d'une personne se forme dans le cadre d'une société donnée. Cette personne, de tous temps, est capable de se servir de son intellect pour raisonner. Néanmoins, cet intellect raisonne a priori dans le contexte de la société qui est la sienne, sur des axiomes, sur une représentation du monde qui dépend du lieu et de l'époque. Une personne peut certes raisonner en dehors de ce contexte, mais la chose est plutôt rare (et nous reviendrons sur ce point). De la même façon, la psychologie du philosophe 1 est elle-aussi teintée de l'époque et du lieu dans lesquels il vit ou a vécu.

En ce qui concerne l'expérience, il va de soi que nous ne visons pas les mêmes expériences aujourd'hui qu'hier, simplement parce que le monde a changé. Notre rapport à nos expériences (notamment aux canons de la famille) ne sont pas les mêmes suivant les époques. Notre expérience est donc, elle aussi, relative à l'époque, tout comme notre psychologie.

Pour ce qui est du positionnement social, est-il nécessaire de préciser que la société actuelle n'a plus beaucoup de points communs avec la société grecque ou avec la société du siècle des Lumières ?

Notons aussi sur la figure 4 que l'école de pensée, elle-même, est souvent teintée des préoccupations de son époque. Les problèmes étant différents et se posant de manière différente d'une époque à l'autre, des groupes de philosophes ont eu pour habitude de penser de manière plus ou moins collective afin de « trouver des solutions » aux « problèmes » de leur époque.

Intermédiaires structurels entre le texte et l'interprétation du texte

Le lien 1 (en haut à gauche) de la figure 4 est donc un lien qui ne va pas de soi. Comme tous ces paramètres personnels entrent en jeu dans la lecture du texte 1, nous sommes donc plutôt dans le cadre exposé par la figure 5.


Figure 5 : paramètres de la lecture « personnelle » du texte 1 par le philosophe
Figure 5 : paramètres de la lecture « personnelle » du texte 1 par le philosophe


La figure 5 n'expose pas seulement le fait que le philosophe fasse une lecture personnelle du texte, ce qui est connu, mais psychologique, sociale et en rapport avec son expérience personnelle, soit ce qu'il a vécu dans sa vie. Nous sommes donc dans le cadre d'une lecture obligatoirement très restrictive du texte 1 qui, au travers des trois caractéristiques du philosophe, peut être totalement mal comprise.

Introduction de la vision conceptuelle du texte

Pour entrer dans le détail sur ces incompréhensions, nous devons descendre dans le texte lui-même et dans les concepts qu'il expose. Exhibons un concept, trouvé dans le texte 1, concept que nous nommerons "concept P1", car il est issu d'un texte du philosophe 1 (P1).


Figure 6 : approche conceptuelle du texte
Figure 6 : approche conceptuelle du texte


La figure 6 montre que l'on a dissociation du "concept P" et du "concept P1" étant donné que les mots d'un texte ou même de l'histoire du texte et de l'histoire de son auteur ne suffisent pas pour assimiler le "concept P1" et la représentation du "concept P1", nommé sur la figure "concept P". En effet, la lecture n'est pas un phénomène absolu mais un acte de représentation.

Le philosophe, tentant d'appréhender le "concept P1", le représentera donc en "concept P", au vu des quatre dimensions qui lui sont liées sur la figure 6. Formellement, dans de nombreux cas, le philosophe propose une « version personnelle » du concept de celui qu'il a lu, le détournant de son sens initial sans le réaliser complètement en raison des huit caractéristiques associées au concept :

  • ses trois caractéristiques personnelles en liaison avec son époque,
  • les trois caractéristiques personnelles du philosophe 1 en liaison avec son époque.

Le monde de la philosophie s'est rendu compte de cet état de faits un certain nombre de fois dans son histoire (même si nombre de philosophes d'aujourd'hui semblent l'avoir oublié). C'est pourquoi, quelques philosophes, afin de bien comprendre leurs lectures, ont tenté de « contextualiser » les concepts du passé au travers de l'étude de l'histoire sociale et de l'histoire personnelle d'un auteur. Certaines dérives bibliographiques modernes ont créé des courants dans la philosophie qui prétendent que l'on ne peut parler des textes d'un auteur sans avoir lu tous les textes.

Les grands mythes de la philosophie

Le philosophe n'est pas un homme comme les autres

Empruntant la figure archétypale du sage, figure religieuse à la base, la philosophie a construit, au cours du temps, une image archétypale du philosophe qui ressemble à celle du saint : austère, sérieux, toujours de bonne foi, concerné par les problèmes du monde.

Il convient de noter que cette image quasi « sur-humaine » du philosophe est tout à fait fausse et force est de constater, dans les débats philosophiques de tout temps, le niveau parfois pitoyable des attaques des philosophes entre eux.


Le mythe de la bonne foi

Un des grands mythes de la philosophie est de penser que le philosophe exprime sa bonne foi lors de son travail. Or, le philosophe est un homme et, comme tout homme, il ment, il détourne, il est de mauvaise foi, il est souvent méchant avec ses semblables, parfois amer. Nombre de philosophes usent de pirouettes tout à fait triviales pour se sortir de mauvais pas dialectiques. On passe alors de l'analyse logique au lieu commun, de la démonstration à la pensée tautologique, on use de concepts creux, on est soudain submergé par ses affects, etc.



Voir le monde au travers des livres

Est-il possible de raisonner en dehors de son époque ?