Rubayat, par Omar Khayyâm, quatrains XI à XX

Un article de Caverne des 1001 nuits.

XI
Toute ma jeunesse refleurit aujourd'hui !
Du vin! Du vin! Que ses flammes m'embrasent !
... Du vin! N'importe lequel... Je ne suis pas difficile.
Le meilleur, croyez bien, je le trouverai amer, comme la vie!


XII
Tu sais que tu n'as aucun pouvoir sur ta destinée.
Pourquoi l'incertitude du lendemain te cause-t-elle de l'anxiété ?
Si tu es un sage, profite du moment actuel.
L'avenir? Que t'apportera-t-il ?


XIII
Voici la saison ineffable, la saison de l'espérance,
La saison où les âmes impatientes de s'épanouir recherchent les solitudes parfumées.
Chaque fleur, est-ce la main blanche de Moïse ?
Chaque brise, est-ce l'haleine de Jésus ?


XIV
Il ne marche pas fermement sur la Route,
L'homme qui n'a pas cueilli le fruit de la Vérité.
S'il a pu le ravir à l'arbre de la Science, il sait que les jours écoulés
Et les jours à venir ne diffèrent en rien du premier jour décevant de la Création.


XV
Au delà de la Terre, au delà de l'Infini,
Je cherchais à voir le Ciel et l'Enfer.
Une voix solennelle m'a dit :
"Le Ciel et l'Enfer sont en toi."


XVI
Rien ne m'intéresse plus. Lève-toi, pour me verser du vin !
Ce soir, ta bouche est la plus belle rose de l'univers...
Du vin! Qu'il soit vermeil comme tes joues,
Et que mes remords soient aussi légers que tes boucles !


XVII
La brise du printemps rafraîchit le visage des roses.
Dans l'ombre bleue du jardin, elle caresse aussi le visage de ma bien aimée.
Malgré le bonheur que nous avons eu, j'oublie notre passé.
La douceur d'Aujourd'hui est si impérieuse !


XVIII
Longtemps encore, chercherai-je à combler de pierres l'Océan ?
Je n'ai que mépris pour les libertins et les dévots.
Khayyâm, qui peut affirmer que tu iras au Ciel ou dans l'Enfer ? D'abord, qu'entendons-nous par ces mots ?
Connais-tu un voyageur qui ait visité ces contrées singulières ?


XIX
Buveur, urne immense, j'ignore qui t'a façonné ! Je sais, seulement,
Que tu es capable de contenir trois mesures de vin, et que la Mort te brisera, un jour.
Alors, je me demanderai plus longtemps pourquoi tu as été créé,
Pourquoi tu as été heureux et pourquoi tu n'es que poussière.


XX
Aussi rapides que l'eau du fleuve ou le vent du désert,
Nos jours s'enfuient.
Deux jours, cependant, me laissent indifférent :
Celui qui est parti hier et celui qui arrivera demain.


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