Rubayat, par Omar Khayyâm, quatrains CLXI à CLXX

Un article de Caverne des 1001 nuits.

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CLXI
Regarde ce ruisseau qui brille dans ce jardin.
Comme moi, décide que tu vois le Kaouçar
Et que tu es dans le Paradis.
Va chercher ton amie au visage de rose.


CLXII
Tu ne vois que les apparences des choses et des êtres.
Tu te rends compte de ton ignorance, mais tu ne veux pas renoncer à aimer.
Apprends qu'Allah nous a donné l'amour
Comme il a rendu certaines plantes vénéneuses.


CLXIII
Tu es malheureux? Ne pense pas à ta douleur, et tu ne souffriras pas.
Si ta peine est trop violente, songe à tous les hommes qui ont souffert inutilement depuis la création du monde.
Choisis une femme aux seins de neige, et garde-toi de l'aimer.
Qu'elle soit, aussi, incapable de t'aimer.


CLXIV
Pauvre homme, tu ne sauras jamais rien..
Tu n'élucideras jamais un seul des mystères qui nous entourent.
Puisque les religions te promettent le Paradis,
Aie soin de t'en créer un sur cette terre, car l'autre n'existe peut-être pas.


CLXV
Lampes qui s'éteignent,
Espoirs qui s'allument.
Aurore. Lampes qui s'allument,
Espoirs qui s'éteignent. Nuit.


CLXVI
Tous les royaumes pour une coupe de vin précieux !
Tous les livres et toute la science des hommes pour une suave odeur de vin !
Tous les hymnes d'amour pour la chanson du vin qui coule !
Toute la gloire de Féridoun pour ce chatoiement sur cette urne !


CLXVII
J'ai reçu le coup que j'attendais. Ma bien-aimée m'a abandonné.
Quand je l'avais, il m'était facile de mépriser l'amour et d'exalter tous les renoncements.
Près de ta bien-aimée, Khayyâm, comme tu étais seul !
Vois-tu, elle est partie pour que tu puisses te réfugier en elle.


CLXVIII
Seigneur, tu as brisé ma joie !
Seigneur, tu as élevé une muraille entre mon coeur et son coeur !
Ma belle vendange, tu l'as piétinée.
Je vais mourir, mais tu chancelles, enivré !


CLXIX
Silence, ma douleur!
Laisse-moi chercher un remède.
Il faut que je vive, car les morts n'ont plus de mémoire.
Et je veux revoir sans cesse ma bien-aimée !


CLXX
Luths, parfums et coupes, lèvres, chevelures et longs yeux,
Jouets que le Temps détruit, jouets !
Austérité, solitude et labeur, méditation, prière et renoncement,
Cendres que le Temps écrase, cendres !


Traduction de Franz Toussaint.

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