La résignation

Un article de Caverne des 1001 nuits.

Sommaire

[modifier] Introduction

S'il est un domaine dans lequel on peut mettre en question de manière légitime la société qui est la nôtre, ainsi probablement que d'autres sociétés matérialistes, c'est le domaine de l'enseignement de la résignation. Nous vivons dans une société résignée dans laquelle la résignation est enseignée dès tout jeune et martelée ensuite tout au long de la vie des individus.

Comme nous allons le voir dans cet article, la résignation est une conséquence et nous allons tenter de connaître les causes de cette résignation. Nous proposerons des pistes d'explication de cette résignation qui, même si elle est initialement la conséquence d'autres choses, n'en est pas moins devenue la cause à sa propre perpétuation.

[modifier] La résignation comme absence de possibilité de choix

[modifier] Les contraintes de la pensée de notre société

La résignation se présente tout d'abord dans notre société comme une absence de possibilité de choix. Les individus qui composent notre société sont moulés dans les mêmes contraintes matérielles, les mêmes mécanismes qui, invariablement, les enchaînent de la même façon.

Ces liens sont composés premièrement des règles sociales toujours très présentes. Ces règles ont des "avantages" dans la mesure où elles permettent de juger les autres selon un canevas moral qui est aussi la base commune pour la communication sociale. En effet, en société, nous ne nous parlons pas pour nous connaître réellement mais pour parler d'un même objet (cet objet pouvait être nous-mêmes, vu comme un objet). Pour qu'il y ait entente sur cet objet, il faut que les personnes impliquées dans la discussion possèdent le même référentiel. Ce référentiel de la pensée est fourni par la société. Dans une certaine mesure, nous pourrions dire que ce référentiel de la pensée est une partie de la société.

Ce référentiel de la société possède aussi certains inconvénients dont certains sont assez connus. Il empêche par exemple de voir la singularité des choses, de percevoir sans juger a priori ; il empêche de se découvrir soi-même. Certes, la psyché de l'être humain est assez subtile pour fonctionner en dehors de ce référentiel, mais pour que cela soit possible, il est nécessaire de croire que c'est possible. Or, lorsque l'être humain est résigné, il ne voit plus qu'il est possible de penser (voire d'être) en dehors du référentiel social.

L'esprit humain est semblable à de la gelée qui serait percée de petits tunnels entrecroisés en faisceaux. Avec l'âge, le nombre de tunnels se restreint, les divers embranchements se bouchent, et chaque pensée parcourt toujours les mêmes petits tunnels dans le même ordre. L'individu ne s'en rend pas compte bien entendu ; il a l'impression de penser ; de fait, il pense, souvent même de manière logique, mais de la même façon qu'il a déjà mille fois pensé. Creuser de nouveaux petits tunnels est objectivement difficile et pénible, c'est pourquoi l'individu se contente souvent d'arpenter des chemins connus.

Lorsque la société change ses manières communes de voir et que l'individu est trop vieux pour se remettre en question, il est en décalage avec le temps présent. Il pense "comme autrefois". Cela peut provoquer cette image d'un certain "conflit entre les générations", même si cela ne veut bien entendu pas dire que ceux qui pensent par les petits tunnels imposés des raisonnements de la société d'aujourd'hui sont plus dans la vérité que ceux qui pensent par les petits tunnels de la pensée d'autrefois.

[modifier] L'illusion du choix

[modifier] La résignation comme enseignement

[modifier] La résignation comme absence d'idéal

[modifier] Le catholicisme, un enseignement vidé de l'idéal de Dieu

et même l'idéal religieux catholique s'est transformé en « mystère » scellé et inaccessible. Sans idéal, l'homme est obligatoirement matérialiste, donc résigné dans le plaisir des sens (l'intellect étant un sens).

En ce sens, les errements du XXème siècle sont parfaitement compréhensibles. Lorsque la religion ne remplit plus son rôle de donner un idéal qui n'est pas clos, un idéal qui dépasse la doctrine intellectuelle la plus travaillée (et la plus close après des siècles de théologie), la place est libre pour d'autres doctrines intellectuelles qui portent en elles un côté magique :

  • la magie de la race pour le nazisme,
  • la magie de la nation pour le nationalisme,
  • la magie du prolétariat pour les communistes,
  • etc.

Cependant, toute doctrine intellectuelle non fondée sur une morale d'origine religieuse favorise certains aux détriments d'autres :

  • les forts sur les faibles dans l'idéal nietzschéen,
  • les membres de la patrie sur les étrangers dans l'idéal nationaliste,
  • les aryens sur les autres dans l'idéal nazi,
  • les prolétaires sur les bourgeois dans l'idéal communiste,
  • etc.