Dans les rets, par Anatole Swadock

Un article de Caverne des 1001 nuits.

Version du 19 septembre 2011 à 21:24 par 1001nuits (Discuter | Contributions)
(diff) ← Version précédente | voir la version courante (diff) | Version suivante → (diff)
Les mots du ciel ont entamé
Le clic des engrenages
Les parures font bon ménage
Avec ce filet bien serré


Je suis pris là devant l'abime
J'aurais aimé tout arrêter
Je me retrouve en pantomime
Creuser ma tombe en fin d'été


Le filet de la nasse m'étouffe
Je chante en vers pour déglutir
Mes cheveux noirs coiffés en touffes
Battent la mesure pour avertir


Pris dans le filet je râle
Shiva m'a pris dans ses rets bleus
Je coupe en vain quelques câbles
Pour respirer un peu


Pris dans le piège je contemple
Les conséquences de mes actes
De mon ego au cœur intact
Du sens caché de ton exemple


Toi ris donc de ma déroute
Fille du ciel tu t'esclaffes
Devant les ruines de ma banqueroute
Et mon émoi pris dans les gaffes


Je prie enfin de pouvoir croire
Les vautours noirs de tes volutes
Les chiens errants en fils de putes
Qui tiennent l'entrée des abattoirs


Qui sait si le magot s'agite
Quand je secoue le filet
Du navire creux qui gite
Au paroxysme du secret


Je n'ai pas encore rendu l'âme
Le Dieu de tous me l'a laissée
Pour compter avec son calame
Mes occurrences incarnées


Evidemment il reste un sceau
De tours cliquant du samsara
De vies passées dans les faisceaux
Des rets bleus du grand Shiva


Un jour peut-être j'habiterai
Dans les mondes des nuées
Sur les falaises de grès
Dans les champs bleus de sa beauté


En attendant je dégouline
Des fils puissants qui me contraignent
J'ai perdu l'attache qui saigne
Et peu à peu je m'aligne


Je rends hommage aux donneurs d'âtre
Qui ont brûlé leurs rétentions
Ils ont fondu les prétentions
En matant l'ego acariâtre


Devant leurs yeux les ondes défilent
Comme des lunes blanches et sages
Ils naviguent sur les rivages
De l'océan volubile


Pris dans les rets je les regarde
Le cœur en feu figé sur place
Je sens encore la menace
Des liens qui me mansardent


Je compte à l'œil les subtiles
Les fins filins de saugrenages
Les dernières traces des carnages
Qui me lient à l'asile


Ils filent droit sur l'océan
Se fondre en Lui dans les ondes lisses
Manger du feu sans artifice
S'unir enfin au non néant


Amis attendez le non sage
Il a sur lui des fils qui coupent
Un égo vil qui entourloupe
Un solde non nul de pillages


Mais ils sont loin et ma voix perd
Le fil de leur trajectoire
Tandis que m'enserrent
Les conséquences de mes déboires


Shiva se présentera un jour
Devant sa pauvre créature
Recommençant l'ouverture
De la vie au nouveau jour


Peut-être le moment est-il proche
Que mes ondées fassent mouche
Que je trouve l'ultime cartouche
De cette beauté qui s'effiloche


Alors détaché du monde et de ses liens
Je suivrai les saints sur l'océan
Du Dieu des dieux qui les contient
Dans mon dernier élan


Les mots du ciel ont entamé
Le clic des engrenages
Mes blessures font bon ménage
Avec ce filet bien serré




Navigation
Précédent - Suivant