Rubayat, par Omar Khayyâm, quatrains XLI à L

Un article de Caverne des 1001 nuits.

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XLI
Oublie que tu devais être récompensé hier et que tu ne l'as pas été.
Sois heureux. Ne regrette rien. N'attends rien.
Ce qui doit t'arriver est écrit dans le Livre que feuillette,
Au hasard, le vent de l'Éternité.


XLII
Lorsque j'entends disserter sur les joies réservées aux Élus,
Je me contente de dire: "Je n'ai confiance que dans le vin.
De l'argent comptant, et non des promesses !
Le bruit des tambours ne plait qu'à distance..."


XLIII
Bois du vin! Tu recevras de la vie éternelle.
Le vin est le seul philtre qui puisse te rendre ta jeunesse.
Divine saison des roses, du vin et des amis sincères !
Jouis de cet instant fugitif qu'est la vie.


XLIV
Bois du vin, car tu dormiras longtemps sous la terre,
Sans ami, sans femme.
Je te confie un secret :
Les tulipes fanées ne refleurissent pas.


XLV
Tout bas,
L'argile disait au potier qui la pétrissait :
"Considère que j'ai été comme toi...
Ne me brutalise pas!"


XLVI
Potier, si tu es perspicace,
Garde-toi de meurtrir la glaise dont fut pétri Adam !
Je vois sur ton tour la main de Féridoun,
Le coeur de Khosrou... Qu'as-tu fait!


XLVII
Le coquelicot puise sa pourpre
Dans le sang d'un empereur enseveli.
La Colette naît du grain de beauté
Qui étoilait le visage d'un adolescent.


XLVIII
Depuis des myriades de siècles, il y a des aurores et des crépuscules.
Depuis des myriades de siècles, les astres font leur ronde.
Foule la terre avec précaution, car cette petite motte
Que tu vas écraser était peut-être l'oeil alangui d'un adolescent.


XLIX
Ce narcisse qui tremble au bord du ruisseau,
Ses racines sortent peut-être des lèvres décomposées d'une femme.
Que tes pas effleurent légèrement le gazon ! Dis-toi qu'il a germé
Dans les cendres de beaux visages qui avaient l'éclat des tulipes rouges.


L
J'ai vu, hier,
Un potier qui était assis devant son tour.
Il modelait les anses et les flancs de ses urnes.
Il pétrissait des crânes de sultans et des mains de mendiants.


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