Rubayat, par Omar Khayyâm, quatrains CXI à CXX

Un article de Caverne des 1001 nuits.

Version du 29 juillet 2007 à 10:40 par 1001nuits (Discuter | Contributions)
(diff) ← Version précédente | voir la version courante (diff) | Version suivante → (diff)

CXI
Tu appréhendes ce qui peut t'arriver demain ?
Sois confiant, sinon l'infortune ne manquerait pas de justifier tes craintes.
Ne t'attache à rien, ne questionne ni livres ni gens,
Car notre destinée est insondable.


CXII
Seigneur, Ô Seigneur, réponds-nous!
Tu nous as donné des yeux, et tu as permis que la beauté de tes créatures nous éblouisse...
Tu nous as donné la faculté d'être heureux, et tu voudrais que nous renoncions à jouir des biens de ce monde ?
Mais cela nous est aussi impossible que de renverser une coupe sans répandre le vin qu'elle contient !


CXIII
Dans une taverne,
Je demandais à un vieux sage de me renseigner sur ceux qui sont partis.
Il m'a répondu :
"Ils ne reviendront pas. C'est tout ce que je sais. Bois du vin!"


CXIV
Regarde ! Écoute ! Une rose tremble dans la brise.
Un rossignol lui chante un hymne passionné. Un nuage s'est arrêté.
Buvons du vin! Oublions que cette brise effeuillera la rose,
Emportera le chant du rossignol et ce nuage qui nous donne une ombre si précieuse.


CXV
Cette voûte céleste sous laquelle nous errons,
Je la compare à une lanterne magique
Dont le soleil est la lampe.
Et le monde est le rideau où passent nos images.


CXVI
Une rose disait : "Je suis la merveille de l'univers.
Vraiment, un parfumeur aura-t-il le courage de me faire souffrir ?"
Un rossignol chanta :
"Un jour de bonheur prépare un an de larmes."


CXVII
Ce soir ou demain, tu ne seras plus.
Il est temps que tu demandes du vin, couleur de rose.
Insensé, te compares-tu à un trésor,
Et crois-tu que des voleurs méditent déjà d'ouvrir ton sépulcre et d'emporter ton cadavre?


CXVIII
Sultan, ta destinée glorieuse était écrite dans les constellations où flamboie le nom de Khosrou !
Depuis le commencement des âges,
Ton cheval, aux sabots d'or, bondissait parmi les astres.
Quand tu passes, un tourbillon d'étincelles te dérobe à notre vue.


CXIX
L'amour qui ne ravage pas n'est pas l'amour.
Un tison répand-il la chaleur d'un brasier ?
Nuit et jour, durant toute sa vie,
Le véritable amant se consume de douleur et de joie.


CXX
Tu peux sonder la nuit qui nous entoure.
Tu peux foncer sur cette nuit... Tu n'en sortiras pas.
Adam et Ève, qu'il a dû être atroce, votre premier baiser,
Puisque vous nous avez créés désespérés!


Navigation
Précedent - Suivant