Les erreurs de raisonnements

Un article de Caverne des 1001 nuits.

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Sommaire

Une médiatisation de la société

Introduction

Il est à noter, comme nous avons commencé de l'aborder dans le début de l'article, que certains domaines non soumis à la méthode médiatique il y a seulement quelques décennies, sont abordés par les principaux acteurs selon la méthode médiatique.

Nous nommerons méthode médiatique le procédé selon lequel les problèmes de fond sont systématiquement évités au profit d'un questionnement tendancieux impliquant un positionnement binaire de type moral. Nous allons voir, dans la suite de cet article, comment ce type de raisonnements allié à d'autres subterfuges logiques conduit à de véritables patterns d'erreurs de logique, instrumentalisés à des fins peu avouables, mais totalement humaines dans leurs buts et leurs prérogatives.

Deux grandes méthodes pour ne pas savoir de quoi on parle

Nous citerons deux grandes méthodes couramment employées pour faire en sorte que l'on ne parvienne pas à bien cerner ce dont on parle vraiment. Notons que ces méthodes sont souvent employées par des personnes qui ont l'illusion consciente que leur raisonnement est licite et qui n'ont pas forcément une conscience aiguë qu'elles utilisent l'une, l'autre ou l'une et l'autre de ces méthodes.

Ces méthodes sont :

Ces méthodes permettent d'entretenir le doute quant à la représentation des concepts manipulés. Le but n'est pas, dans le débat, de parvenir à un accord sur la définition du concept, mais au contraire de "vendre" une notion toute personnelle du concept.

Les dérives de raisonnement

De plus[1], mélanger les concepts et ne pas préciser leur définition implique que l'on peut lier des concepts n'ayant que peu de choses à voir et donc créer de nouveaux concepts totalement vide de sens, sous prétexte d'un lointain lien existant entre les concepts de départ. Notons que ce lien est souvent affectif. Ce type de dérive est exemplaire d'une dérive du raisonnement. Nous noterons ce procédé : l'assimilation affective.

Exemple de la sociologue de Paris XIII

A l'automne 2004, sur une radio publique, une sociologue enseignant à Paris XIII illustrait ce principe de confusion des concepts avec pour but de vanter l'approche « tout est dans tout », « tout est lié à tout ».

Le concept d'"individu" était donc présenté, au sein du discours, tour à tour comme :

  • un individu psychologique vu de l'extérieur,
  • un individu vu par lui-même,
  • un individu social dans la mesure où ce dernier est vu comme obéissant à la loi,
  • un individu vu par les textes de la sociologie (selon les différents courants).

Cette fusion magmatique des approches avait pour but d'introduire une vision affective de l'"individu" en rapport à sa sexualité, dans un schéma de pensée très post-féministe qui brassait les représentations suivantes :

  • « les hommes et leurs fantasmes sexuels »,
  • les erreurs des féministes,
  • « une société dans laquelle les individus sont vus comme des membres sexués » (sic).

Nous noterons le peu de liens manifestes entre le catalogue des visions de l'individu en psychologie, en philosophie et en sociologie et l'introduction d'une vision sexuée à consonance sociale. Ce genre d'assimilations est très connu dans les discours politique des extrêmes : on assimile le problème traité avec des problèmes totalement différents (au niveau des questions posées et du contexte) et par conséquent, on dérive naturellement vers un problème global, non représentable et vide de sens.

L'assimilation est, de plus, toujours accompagnée de son corrolaire la relation de dépendance, elle lie la résolution du problème en question à la résolution d'autres problèmes, rendant ainsi toute action impossible, toute vélléité de changement absurde, toute tâche irréalisable par son ampleur soudain gigantesque.

Au second niveau, son discours pouvait être analysé d'une autre manière, révélant d'un problème grave de conceptualisation et de non maîtrise de la portée des concepts généraux utilisés. Car, à force de grands mots vides de sens assemblés les uns aux autres presque par hasard, le discours lui-même apparaissait comme totalement vide de sens. Cette manifestation d'une absence critique de structuration de l'intellect chez des enseignants de haut vol est très inquiétante. Néanmoins, et même si cela ne rassure pas, ce travers est aussi largement répandu chez les intellectuels des sciences humaines qui, à force d'user de concepts très généraux, en viennent à échaffauder de grands édifices discursifs vides de contenu[[Voir [les défis des sciences humaines->293].]]. Quand un concept devient trop général, son sens s'appauvrit[[Voir [le concept creux->52].]]. Si on use de manière conjointe de plusieurs concepts généraux et non forcément liés, l'intersection de leurs significations sémantiques devient très rapidement nulle.

Comme quoi, si vous voulez avoir raison dans un débat pseudo-intellectuel de salon, pas la peine de vous casser la tête à trouver des arguments. Généralisez le problème en usant de termes très abstraits ; conditionnez (très important) le problème devenu abstrait à d'autres problèmes abstraits sans solution ; concluez à l'impossibilité d'une solution globale (en usant des avantages et inconvénients comme exemples et contre-exemples) et recommandez l'urgence de ne rien faire sinon de poursuivre la réflexion en l'élargissant à tous les problèmes du monde. Si vous maîtrisez cette réthorique, vous pouvez, entre autres, briller en société, devenir politicien ou professeur de sociologie en faculté.