Les dieux de l'homme

Un article de Caverne des 1001 nuits.

Sommaire

[modifier] Introduction

Dans les différentes traditions de l'humanité, il en est une qui, par les représentations qu'elle propose, nous enseigne que tous les hommes ont été, sont et seront toujours soumis à un ensemble de dieux : c'est l'hindouisme. Aujourd'hui, bien des sociétés croient le contraire ; bien des egos, enivrés de discours dans lesquels les mots ont pris la place du sens des mots, ne comprennent plus cette réalité pourtant naturelle.

Cet article vise à exposer quelques uns des dieux des hommes modernes, et à exposer que les structures sous-jacentes de l'adoration de ces dieux sont les mêmes aujourd'hui qu'hier, et seront les mêmes demain. Il n'est pas question de donner un quelconque jugement dans cet article, mais de tenter de décrire les choses telles qu'elles sont, et de placer sur elles les mots justes, au delà de toute convention conjoncturelle.

[modifier] L'homme polythéiste

[modifier] Introduction

L'homme, comme nous allons le voir, naît polythéiste et il le reste souvent toute sa vie, sans le savoir, tant le polythéisme est tabou dans les sociétés occidentales de tradition chrétienne et à tendances athées. La plupart d'entre nous vouent des cultes à plusieurs dieux, que ces cultes soient conscients ou inconscients. Bien entendu, ces cultes ont changé de forme par rapport à ce que nos ancêtres dénommaient cultes, mais pas de nature. Notre rapport à ces divinités multiples est resté le même que le rapport des anciens à leurs idoles.

Nous nous intéresserons tout d'abord à la notion de rite, chaque rite pouvant cacher une pratique cultuelle. Si nos sociétés se défendent avec des mots de ne plus pratiquer de cultes, nous identifierons que les liens qui lient les individus à ces rites ont des caractéristiques de cultes religieux polythéistes.

[modifier] L'enfance et l'adolescence

L'enfant qui naît voue un culte à ses parents, à sa famille dans une certaine mesure. Tant que son intellect ne s'est pas développé suffisamment, il est incapable de juger de ses pairs. Si l'enfant souffre plus ou moins directement du comportement de ses parents, ce dernier aura une tendance naturelle à s'accuser lui-même pour les souffrances subies, car les adultes divinisés ne peuvent, à l'instar de dieux, se tromper. C'est donc l'enfant qui se trompe, subissant parfois une justice qu'il ne comprend pas.

A la puberté, l'adolescent commence à voir et à comprendre certains actes de ses parents. de cette compréhension naît souvent un questionnement qui se résout en deux grandes familles de comportements : un comportement en adhésion avec les divinités parentales, et un comportement en rejet de la divinité parentale. Dans le second cas, quoique l'on puisse voir ce refus comme une dé-divinisation des parents, l'adolescent n'a souvent pas le recul et la force pour ne pas rester dans le référentiel parental. A l'instar d'un jeune adulte qui aurait prié et aurait été déçu par ses dieux, il peut les haïr en raison de la déception qu'ils ont fait naître en lui. Car ne déçoit beaucoup que la personne qui est sur un piédestal, qui est divinisée.

Ce culte voué aux parents est naturel dans le développement de l'humain, qu'il ait des côtés positifs ou négatifs. Il est similaire au culte des ancêtres que l'on trouve dans certaines traditions vivantes ou éteintes. Derrière ce culte se trouvent des constantes comportementales religieuses tout à fait intéressantes :

  • les parents représentent l'autorité à laquelle il faut se soumettre, comme l'on se soumet à un dieu pour obtenir ses faveurs ;
  • les parents sont en possession d'un savoir que n'ont pas les enfants, savoir qu'ils ne peuvent pas transmettre directement aux enfants (car ce savoir est incompréhensible pour des enfants), mais que les enfants doivent néanmoins appliquer ;
  • l'amour porté par l'enfant à ses parents divinise chaque action des parents, sans que la raison ne parvienne rapidement à prendre du recul ;
  • les parents ont "créé" l'enfant, ainsi ils sont des "dieux géniteurs" capable du pouvoir immense de la création d'un être vivant : en tant qu'être créé, l'enfant doit soumission à ses parents.

L'enfant est donc face à des êtres "parfaits", dont il verra plus tard que la perfection est souvent plus le reflet de son amour que la vérité des faits et des actes des dits parents.

[modifier] Le polythéisme familial

La plupart des enfants, une fois devenus adultes ne parviennent jamais vraiment complètement à se sortir de cette relation de soumission par rapport à leurs parents. Ainsi, pour renforcer ce besoin d'exprimer des sentiments de soumission, voit-on les enfants visiter régulièrement leurs parents pour ritualiser encore et encore le positionnement antique de l'enfant soumis et du parent divinisé. A l'instar des grecs qui se soumettaient à certaines divinités et qui en abhorraient d'autres, les réunions de famille entretiennent ce culte vivant des pairs (positif ou négatif), sacralisent une famille qui, loin d'être composée d'individus égaux, se compose d'une hiérarchie souvent basée sur l'ancienneté et sur les prérogatives des anciens sur les plus jeunes.