L'auteur des actes

Un article de Caverne des 1001 nuits.

Le faux ego interprète la Réalité en la centrant sur lui-même. Le faux ego nous induit à penser que nous sommes les auteurs de nos actes, tout comme nous serions les auteurs de nos pensées, voire des innovations que nous pensons apporter dans le monde matériel.

La plupart des personnes pensent ainsi que l'acte désintéressé n'existe pas, simplement parce qu'ils n'en sont pas capables.

Mais la plupart d'entre eux ne raisonnent pas.[1] Naissent de cet état de faits des théories nombreuses et multiples défendant une vision mécanique de l'homme, piloté uniquement par l'assouvissement de ses désirs matériels.

Ces théories descriptives ont une certaine validité statistique, mais elles suivent des lignées de pensée qui sont celles des égarés.

C'est qu'ils ont trouvé leurs ancêtres dans l'égarement, et les voilà courant sur leurs traces. En effet, avant eux, la plupart des anciens se sont égarés.[2]

En effet, les références des incrédules d'aujourd'hui ont tout au plus deux ou trois siècles d'âge et la plupart d'entre elles se réfèrent à une, deux voire trois générations seulement.

Le Shaytan les a dominés et leur a fait oublier le rappel d'Allah.[3]

L'homme égaré est attaché à la possession de ses actes et aux fruits matériels de ses actes. Ainsi, il ne peut concevoir que les autres hommes ne soient comme lui-même. Il reste attaché à la dualité du plaisir matériel et du déplaisir qui résulte de son conditionnement. Ainsi, le déplaisir est souvent grand pour l'homme attaché au monde des choses matérielles, même si ce dernier est toujours en quête de plaisir matériel.

De l'attachement vient la souffrance, de l'attachement vient la doctrine, de l'attachement vient l'idéologie et donc de l'attachement vient le polythéisme.

Récite-leur la nouvelle d'Abraham, quand il dit à son père et à son peuple :
Qu'adorez-vous ?
Ils dirent :
Nous adorons des idoles et nous leurs restons attachés.
Il dit :
Vous entendent-elles lorsque vous [les] appelez ? Vous profitent-elles ? Vous nuisent-elles ?
Ils dirent :
Non ! mais nous avons trouvé nos ancêtres agissant ainsi.[4]

La lecture des égarés de ces versets vise le cadre religieux, mais dans un monde areligieux, les idoles sont plus fortes encore que les idoles de pierre vénérées au temps du Prophète (que la Paix et le Salut soient sur lui !) autour de la Kaaba. Elles sont plus prégnantes et plus puissantes, car on ne peut détruire une idole mentale comme on détruit une statue.

Allâh, dans toute Sa magnificence, guide l'homme pieux vers la conscience de l'abandon des fruits de ses actes. Il ne s'agit pas de ne pas agir, mais de ne pas convoiter les fruits de ses actes, que ces fruits soient ou qu'ils ne soient pas. Fort de cette conscience, l'homme agissant offrira ses actes au Bien-Aimé dans une constante dévotion, actes purs dans la mesure où ces derniers sont exempts de volonté de tirer un bénéfice des fruits potentiels. Là est la voie du détachement.

La voie du détachement ne réside pas seulement dans l'isolement complet, ni dans la non action, mais dans l'action sans volonté d'user les fruits de cette action, dans l'action offerte à Allâh, l'Immense.

Dis : «En vérité, ma Salat, mes actes de dévotion, ma vie et ma mort appartiennent à Allah, Seigneur de l'Univers. A Lui nul associé ! Et voilà ce qu'il m'a été ordonné, et je suis le premier à me soumettre.»[5]

Dans la pratique quotidienne de cette dévotion désintéressée, Allâh montre à son serviteur que ses actes mêmes sont dus à Sa volonté et non à la volonté de son faux ego. «Il ne peux y avoir qu'un propriétaire dans la demeure.» Le cœur du dévot du Tout-Miséricordieux prend conscience d'être le vecteur de Sa volonté et trouve en ce monde la paix de l'âme et le contact avec Allâh, le Puissant. Dans ce lien intime avec le Créateur, il illustre dans ses intentions et ses actes Ses qualités et en tire une joie sans limite, approfondissant sa connaissance du Sage au fur et à mesure de la complétude de son engagement sur la Voie, se dégageant progressivement de ses attaches matérielles pour ne vivre qu'en Lui.

Certes, la Voie est longue, ô mouride, mais elle est source du bonheur. Deviens d'ami de l'Ami et Il deviendra ton meilleur ami.

Allâh avait pris Abraham pour ami privilégié.[6]

[modifier] Références

  1. Coran XXIX, 63.
  2. Coran XXXVII, 69-71.
  3. Coran LVIII, 19.
  4. Coran XXVI, 69-74.
  5. Coran VI, 162-163.
  6. Coran IV, 125.


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