Aphorismes VIII

Un article de Caverne des 1001 nuits.

(Différences entre les versions)

Version du 1 mai 2009 à 15:13

La bonne littérature est l’art de faire une oeuvre universelle en ne parlant que de choses singulières.


Si la normalité est l’individuation alors nous vivons dans une époque de gens anormaux. En quelque sorte, l’anormalité est la norme.


Les vacances, c’est la désincarnation virtuelle.


Il y a deux types de gens : ceux qui aiment se faire plaisir, et ceux qui préfèrent se faire mal.


Etre soi implique souvent s’affronter aux autres qui, n’étant pas eux, n’acceptent pas que d’autres se réalisent dans leur différence.


Les gens qui ont digéré leur être, s’ils ne s’accordent pas toujours, se respectent.


Le fan absolu est une pièce à deux faces : d’un côté, la vérité pure ; de l’autre, l’enfantillage.


Le chemin vers soi n’est pas qu’un combat solitaire : c’est aussi un combat social.


Le surmoi s’incarne souvent, de façon physique, dans les réflexions des personnes soumises.


L’homme sans mythe erre dans le désert aride de son esprit.


Parfois des choses me font rire au second degré. Puis je m’aperçois avec un peu d’inquiétude que, pour les autres, c’était du premier degré.


Il ne faut pas confondre trait de personnalité et névrose.


On parle souvent des névrosés, mais rarement des tortures psychologiques endurées par leurs proches.


Manipuler, c’est faire faire aux autres au premier degré ce que l’on a pensé au deuxième degré.


L’expérience, c’est parfois savoir se taire quand les autres expriment des certitudes ineptes de manière péremptoire.


Je préfère la mort mythifiée plutôt que tabou.


Il y a des soirs où il suffit de se mettre à son balcon pour voir toute la misère du monde.


Vouloir gérer son image dans le regard des autres est un comportement voué à l’échec.


Si la physique commence à découvrir la relativité des lois selon l’échelle, le monde est peut-être mûr pour envisager la relativité de la perception psychologique des mêmes faits par des individus différents. Une digestion du droit en quelque sorte.


Sartre a dit : « l’enfer c’est les autres ». Encore une projection. L’enfer, c’est nous-mêmes ; si nous le voulons bien.


Les religions ont cela d’ambigu qu’elles stimulent la spiritualité tout en établissant des barrières entre l’homme et son inconscient.


Surprendre, c’est être au mieux méconnu, au pire inconnu.


Le détournement des outils de leur fonction première trahit un besoin de vengeance abstraite.


L’éthique est une morale qui se pare des restes de la religion.


Voir la vérité induit souvent une certaine solitude. En effet, l’expliquer à ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas la voir est vain ; tout comme est inutile l’exposition de cette vérité à qui la connaît déjà.


Comme il faut savoir accepter les griefs légitimes, il faut savoir accepter les compliments légitimes.


Il est amusant de noter que Jésus reprocha plusieurs fois à ses apôtres de ne pas saisir le sens de ses paraboles.


L’acharnement tend à s’inventer des raisons de perdurer.


Certains chemins sont insensibles à l’éducation : ils doivent être parcourus seul.


Si nous n’étions tous, grosso modo, que le miroir positif ou négatif de notre filiation, cela expliquerait le statisme du monde au travers des âges.


L’obsession est un fruit amer qui se déguste trop souvent.


La fuite physique est souvent à un palliatif de mauvaise qualité à une peur psychique.


Personne ne peut fuir son inconscient.


Les mises en scène modernes, arides et névrotiques de Molière me font chier. Elles ont ça de bien qu’elles serviront aux psychologues du futur de document sur la société actuelle.


Assumer son être, c’est aussi accepter de voir ses erreurs dans toute leur ignominie.


Il est étrange que Saint-Jean n’ait jamais été traité de mégalomane. Comme quoi, les valeurs changent suivant les référentiels spirituels. En l’absence de référentiel spirituel, on peut dire n’importe quoi.


La nostalgie est l’horloge de notre coeur.


Chercher le sordide est toujours un succès, car ce dernier n’est jamais loin.


La suspicion, même tenace et infondée, a cela d’étonnant que sa mort renforce le pouvoir de la vérité.


L’intelligence, si elle est utile pour la société, est souvent une tare pour l’individu qui la porte.


J’ai parfois l’impression de rencontrer des clones psychologiques, comme si le grand créateur n’avait qu’un nombre très limité de moules.



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